Base
Il était une fois, un bois, et dans ce bois, un homme.
Au détour d’un sentier,
l’homme se retrouve soudain nez-à-nez avec un loup, apparemment affamé.
Stupeur, effroi, le loup attaque.
- Le promeneur parvient à s’enfuir, à grimper à un arbre,
à faire fuir ou à tuer le loup.
En tout cas, après une réaction vive, le coeur palpitant,
le corps couvert de sueur, le danger est écarté.
L’homme est peut-être blessé, mordu au bras, griffé au torse, mais il est sauf… et tâche maintenant de recouvrer ses esprits. - Le loup atteint la gorge du promeneur.
Celui-ci se débat mais décède en quelques secondes dans un bain de sang.
Le loup se délecte d'un bon repas.
Il était une fois, dans un bois, un homme et un loup.
Il était une fois de la stupeur, de l’effroi, de la panique, de la tension,
de l’adrénaline, du bruit, du mouvement, de la sueur, des coups, des blessures,
du sang, un corps sans vie, etc.
Et puis peut-être un trauma, peut-être un éveil, peut-être des pleurs,
peut-être même de la joie et de la gratitude envers Dieu?
Première dilution
Il était une seconde fois, dans ce même bois, le même homme, soigné ou du moins cicatrisé.
Soudain, il entend un hurlement, ou bien voit des empreintes de loup.
Panique-t-il? Reste-t-il calme mais prudent? Devient-il agressif, pris d’un sentiment de vengeance? Ou bien doute-il finalement de ce qu’il a cru entendre ou voir? Se rassure-t-il lui-même et continue-t-il son chemin?
Il était cette fois un homme, et peut-être un loup.
Il était cette fois de la tension, de la vigilance, de la peur, de l’angoisse, de l’excitation. À moins que ce ne fut de l’agressivité, des doutes, de l’insouciance?
Deuxième dilution
Il était une troisième fois, dans ce même bois, notre homme et un compagnon.
- « Que se passe-t-il? Pourquoi t’arrêtes-tu? » interroge ce dernier.
- « Je viens d’entendre un loup? » répond l’homme.
Son ami a-t-il aussi entendu ce loup? Auquel cas s’affole-t-il et entreprend-t-il de fuir? Ou bien est-il au contraire excité, curieux et envisage-t-il déjà une traque?
Et s’il n’a rien entendu mais qu’il croit son ami, des sentiments comparables peuvent le traverser. Plus... dilués cependant.
Et si, face au silence, il ne croit pas son ami : méfiance, doute, taquineries, sarcasmes, insouciance, etc.
Il était cette fois deux hommes avec la présence d’un loup
ou peut-être juste son évocation.
Il était un homme et ses réactions par rapport à ce qu’il a entendu ou même cru entendre.
Il était aussi les réactions et croyances de son compagnon,
quel que soit son positionnement.
Dans l’ensemble :
Peur? Angoisse? Curiosité? Agressivité? Excitation? Doute? Incrédulité? Sarcasmes?
Déni? Insouciance? etc.
Troisième dilution
Il était une quatrième fois, encore dans ce bois, notre homme et un autre de ses amis.
- « Tu sais Didier, l’autre jour, on marchait dans ce secteur avec Jojo et à un moment, j’ai entendu un loup! » dit l’homme.
Il était cette fois un homme avec le souvenir de la présence d’un loup et un autre homme avec une simple histoire de loup.
Il était cette fois de l’anxiété, de la crainte, de l’incrédulité, de la curiosité, de l’excitation, du rêve, de la croyance, du doute, des sarcasmes, de l’arrogance, etc. Toujours plus dilués.
Quatrième dilution
Il était une cinquième fois, à l’orée de ce bois, deux promeneurs :
- « J’ai entendu dire que dans ce bois il y avait un loup! » dit l’un.
- « Oooh! Bon, ben si on allait plutôt à la rivière, hein? »
- « Aah? Et…???»
- « Mouais ! Moi j’ai surtout entendu dire qu’il y avait des cèpes et qu'il fallait pas croire tous les ragots pour touristes!»
Il était cette fois deux hommes avec une rumeur de loup.
Il était cette fois des hypothèses, de l’insouciance, de la curiosité, de l’excitation,
une légère crainte peut-être, etc.
Si diffuses cependant qu'on les note à peine.
Cinquième dilution
Il était une sixième fois, dans ce bois centenaire, l’arrière-petit-fils de l’homme-qui-a-vu-le-loup.
Alors qu’il se promenait, un frisson le parcourut. S’en est-il aperçu d’ailleurs?
Il était cette fois un descendant de l’homme et un vague frisson.
Énième dilution
Il était une fois encore, dans ce bois millénaire, des hommes.
Et peut-être, parmi ceux-là, une infime minorité aura un sentiment diffus… très, très dilué. Un fugace emballement du coeur? Un rêve? Une vision? Une intuition? Un ressenti? Un sentiment?
En définitive, il était toutes ces fois bien des choses... et pourtant plus de loup depuis longtemps.
olivier r.
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