Mon frère
Ma soeur
Salut,
Apparemment aujourd'hui c'est le jour de trop.
Souffrance, désespoir...
Puisque tu veux en finir, laisse juste cette lame, cette corde,
ce poison... pendant quelques minutes.
Recule un peu de ce pont, du bord de ce précipice.
Juste quelques minutes
et après tu pourras.
Bon.
C'est donc ton dernier jour.
C'est donc TON dernier jour.
Prends-le. Plus rien à perdre.
Respire.
Regarde devant toi, ton avenir.
Pas d'issue, désespérant, pas envie, plus la force, fatigué,
trop dur, trop mal... et pour quoi?
Regarde-le donc une dernière fois, et dis-lui adieu.
Tranche cet avenir.
Si jamais tu as peur, c'est bien.
Mieux que le désespoir.
Respire.
Regarde ton passé.
Regrets ? Remords ?
Ou au contraire un bonheur perdu ou volé ? Qui ? Comment ?
Pleure ! Gueule! Insulte !
Cette colère est meilleure que le désespoir.
Ces larmes, ces cris lavent ta souffrance.
Dis adieu à ce passé, aujourd'hui c'en est fini.
Te voilà seul au présent.
Juste ces minutes avant de...
Respire.
C'est l'air du présent.
Si jamais tu avais un peu moins mal, profite de ce moment : c'est TON moment.
Regarde à gauche, regarde à droite, tu n'es pas si seul.
Si tu ne vois pas d'amis, de soutien, vois tes frères et soeurs
qui, eux aussi, s'approchent de la jetée, prennent une arme,
attachent une corde au-dessus d'eux...
des frères et soeurs à l'infini.
Toi tu respires, tu étires encore un peu le présent.
Cet avenir est sans issue.
OK. Adieu!
Ce passé qui t'agrippe.
OK. Adieu!
Sous tes pieds la Terre.
Allonge-toi et repose-toi.
C'est ton dernier repos alors profite,
tu en as vraiment besoin.
Pleurs? Colère?
Respire.
La Terre te soutient.
Au-dessus de toi, un Ciel chargé ou dégagé?
S'il pleut des reproches, des injures, des humiliations,
des jugements...
OK. Laisse faire.
Tu as peut-être merdé quelque part mais bientôt
tout sera fini.
Encaisse.
Respire.
Respire.
Voilà.
Tu es là.
Prends ces dernières minutes pour te reposer.
Seul et tranquille finalement.
Rien à foutre. Rien à perdre.
Si tu veux, je m'en vais.
Si tu préfères, je reste avec toi.
Maintenant, tu peux en finir...
...et vivre.
olivier r.
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